Entre Sarkozy et Villepin, le calendrier de la discorde ?


La guerre du calendrier électoral va-t-elle connaître un rebondissement dans les jours qui viennent ? A priori, l’affaire semblait tranchée : les municipales, initialement prévues au printemps 2007, seront reportées au printemps 2008, tout comme les sénatoriales seront repoussées d’un an, à l’automne 2008.

Reprenant à son compte les avis du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel, Dominique de Villepin a rendu son verdict à la mi-juin. Le Conseil des ministres du 2 août – le dernier avant les vacances – a même adopté les deux projets de loi permettant cette modification du calendrier électoral.

Comme il se doit, ces projets de loi ont été présentés par le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui n’avait jamais, jusqu’alors, exprimé de désaccord sur le sujet. Mais, numéro deux du gouvernement aujourd’hui, Sarkozy est aussi, et de plus en plus, candidat à l’élection présidentielle demain. De convention thématique en convention thématique, le président de l’UMP peaufine son programme sur l’immigration, les services publics, l’Europe, la fiscalité…

Mais pour l’homme le plus populaire de la droite, le rythme de l’action compte tout autant que son contenu. Ses réflexions de l’été ont donc conduit Nicolas Sarkozy a se poser la question suivante : comment lancer une politique ambitieuse, avec son lot de contraintes et de remises en cause, au lendemain d’une éventuelle victoire, si un rendez-vous électoral majeur est déjà prévu un an après ? Déjà en 2002, il soutenait que certaines réformes ne sont possibles que dans la foulée d’une victoire, et à condition d’être menées tambour battant. Ce fut à l’époque un différend avec Jean-Pierre Raffarin. L’ancien premier ministre souhaitait étaler les réformes dans le temps, à raison d’une par an, afin de prendre le temps de la «pédagogie». Son ministre de l’Intérieur plaidait pour l’ouverture de plusieurs fronts simultanés, au nom de la «dynamique». «On ne rattrape jamais le temps qu’on perd au lendemain d’une élection», confiait-il.

Dans sa tête, Nicolas Sarkozy a déjà son calendrier d’action dans la tête. Municipales et cantonales sont certes des scrutins locaux, mais, on l’a vu encore aux régionales du printemps 2004, toute élection locale est un test national. D’où ce risque pour tout gouvernement : jouer la prudence pour ne pas prendre de risque électoral.

Idéalement, le ministre d’État préférerait donc que les municipales aient lieu en juin 2007, ou à la limite en septembre, c’est-à-dire dans la période supposée d’état de grâce au lendemain de la présidentielle. Mais pour Nicolas Sarkozy, l’intérêt politique se heurte aux contraintes gouvernementales. Le ministre de l’Intérieur peut-il en effet partir en guerre contre son propre projet de loi ? D’autant que celui-ci doit être voté dès la reprise parlementaire début octobre.

Certains députés pourraient monter au créneau très rapidement. Si ceux-ci se montraient suffisamment convaincants auprès de leurs pairs, le gouvernement n’aurait plus qu’à prendre acte des désirs de sa majorité… Le Figaro