Sarkozy redoute une dilution de l’Union européenne


Les craintes de Nicolas Sarkozy ont été confirmées, mercredi soir, par les déclarations de Jacques Chirac, mais le président de l’UMP, qui terminait hier un déplacement de trois jours en Israël, a voulu se donner du temps avant de commenter la position du chef de l’Etat. Avant de quitter Herzliya, dernière étape de sa visite, il a expliqué devant un forum de décideurs économiques et militaires israéliens : «Derrière la question turque, sur laquelle je reviendrai à mon retour en France, c’est toute la problématique de nos rapports avec la Méditerranée.»

Face à cette «question vitale pour toute l’Europe du Sud, mais aussi pour l’identité européenne», le numéro un de l’UMP veut continuer à «militer pour des partenariats privilégiés», solution qui lui paraît «préférable à celle de l’adhésion à l’Union européenne».

«L’Union fonctionnait déjà difficilement à quinze, a-t-il remarqué. Nous découvrons chaque jour la difficulté de prendre des décisions à vingt-cinq, alors que nous nous préparons déjà à l’élargissement à la Bulgarie, à la Roumanie et, très vite sans doute, à la Croatie. Mais tout nouvel élargissement, qu’il apparaisse légitime ou non au regard de l’histoire et de la géographie des nouveaux candidats, reviendrait à revoir nécessairement à la baisse les objectifs de l’Union européenne.»

Revenant sur les arguments invoqués par l’UMP en mai dernier, lorsque son conseil national s’était prononcé, à l’initiative d’Alain Juppé, contre la candidature d’Ankara, Nicolas Sarkozy a affirmé : «Plus nous serons nombreux, moins nous serons intégrés. Et moins nous serons intégrés, plus nous serons fragiles.» «Moi, je ne veux pas d’une Europe fragile, a-t-il conclu. L’Union européenne est un projet en soi, elle ne peut pas être une simple zone de libre-échange.» Le nouveau président de l’UMP ne pouvait pas marquer plus clairement, du moins depuis l’étranger, son désaccord avec Jacques Chirac. En France, la réaction tout aussi critique d’Alain Lamassoure, secrétaire national du parti chargé de l’Europe, a convaincu Nicolas Sarkozy que la décision du chef de l’Etat ne serait pas facile à justifier auprès des troupes UMP. D’où le délai qu’il s’est accordé pour réfléchir au moyen de gérer ce premier conflit entre la Rue La Boétie et l’Elysée.