Sarkozy : «Si la Turquie était européenne, ça se saurait»


Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, a affirmé hier à Paris que préférer offrir à la Turquie un partenariat privilégié plutôt qu’une intégration dans l’Union européenne, comme le souhaite Jacques Chirac, ne constituait «pas un délit d’opinion». Le président de l’UMP a ainsi répété sa réticence à l’adhésion. «Si la Turquie était européenne, ça se saurait» a-t-il déclaré.

«Nous avons le droit de dire qu’entre le partenariat privilégié et l’intégration, nous préférons le partenariat privilégié. Il n’y pas de délit d’opinion. Nous n’avons pas à choisir entre nos convictions et la loyauté parce que la première des loyautés, c’est d’être sincère dans l’affirmation de ses convictions», a affirmé M. Sarkozy.

«Est ce que ça pose problème? Non. Dans notre vie politique, il peut y avoir des débats», a ajouté M. Sarkozy, qui s’exprimait devant plus d’un millier de nouveaux adhérents, reçus par lui dans un théâtre situé près du siège de son parti, rue La Boétie (Paris VIIIè).

«Il ne s’agit pas d’isoler ou de rejeter la Turquie. Mais la question qui se pose est: « comment devons-nous conforter la Turquie sur le chemin de la démocratie? » Il y a deux voies: l’intégration de la Turquie, l’autre le partenariat privilégié. Je suis partisan du partenariat privilégié», a-t-il affirmé.

Pour dire cela, «il n’y a nul besoin d’élever la voix ou de taper du poing sur la table. Entre démocrates, il faut analyser la situation et essayer de trouver la bonne solution».

Selon M. Sarkozy, «la construction européenne, ce n’est pas seulement ce que pensent nos amis américains, un grand marché, c’est une communauté de valeurs pour construire une puissance».

Selon lui, «ce n’est pas insulter la Turquie que de dire que ce n’est pas un hasard si elle choisit comme capitale (Ankara) une ville dont je n’ai pas connaissance qu’elle se situe exactement en Europe».

«Si la Turquie était européenne, ça se saurait» a-t-il affirmé.

«Nous devons être reconnaissants à Jacques Chirac d’avoir proposé dans la réforme constitutionnelle que le référendum soit la règle pour décider si oui ou non la Turquie sera intégrée ou associée. Le président de la République a fait un choix qui est républicain et démocratique», a-t-il assuré.

De la même manière, selon lui, Jacques Chirac «et l’ensemble des dirigeants européens ont eu raison de prévoir le début des négociations (avec la Turquie) en 2005. C’était impossible de refuser. Refuser de discuter, c’est dire qu’on a peur. L’ouverture de discussions n’est pas un problème».

L’UMP s’est toujours démarquée du président Chirac sur la question de la Turquie. Alain Juppé, quand il était président du parti, avait déjà pris position en faveur du partenariat privilégié avec Ankara.

Le Figaro