Nicolas Sarkozy à la recherche de sa "dream team"


Au lendemain d’élections législatives qui n’ont pas produit le « tsunami électoral » annoncé en faveur de l’UMP, Nicolas Sarkozy doit rafistoler dans l’urgence sa « dream team » écornée par la démission d’Alain Juppé.

Le président de la République a reconduit lundi François Fillon dans ses fonctions de Premier ministre et l’a chargé de former un nouveau gouvernement, dont la composition devrait être annoncée mardi.

Mais ce qui devait se limiter à la nomination d’une poignée de secrétaires d’Etat – une dizaine au maximum – pour compléter l’équipe formée après la présidentielle a viré au casse-tête.

Le ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, battu dans sa circonscription de Bordeaux, était une pièce maîtresse du premier gouvernement du quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont il était le numéro deux et le seul ministre d’Etat.

Bien que converti de fraîche date à la lutte contre le réchauffement climatique, Alain Juppé incarnait avec l’autorité et l’expérience d’un ex-Premier ministre et ancien chef de la diplomatie, l’engagement du chef de l’Etat à faire de l’écologie et du développement durable une priorité.

Le président lui avait taillé sur mesure un grand ministère, qui couvrait l’énergie, les matières premières, la sécurité industrielle, les transports et leurs infrastructures, l’équipement, l’aménagement foncier et rural, l’urbanisme, l’aménagement et le développement du territoire et de la mer.

Au-delà des questions de personne, c’est donc toute l’architecture gouvernementale qui risque d’être mise en cause.

« Une solution se profile », assurait-on lundi de source proche de la présidence, sans autre précision.

Parmi les noms de personnalités susceptibles de remplacer Alain Juppé, cités par des sources parlementaires à l’UMP, celui de l’ex-ministre des Affaires étrangères Michel Barnier revenait le plus souvent.

L’HYPOTHÈSE VEDRINE REFAIT SURFACE

On évoquait aussi de mêmes sources un glissement du ministre de l’Economie, Jean-Louis Borloo, vers le développement durable, voire le rattachement de ce portefeuille au Premier ministre, qui serait alors épaulé par un ou des secrétaires d’Etat.

Une autre hypothèse a refait surface : celle de l’entrée au gouvernement de l’ex-ministre socialiste des Affaires étrangères Hubert Védrine, déjà sollicité en mai par Nicolas Sarkozy pour le Quai d’Orsay, qui a finalement été confié à un autre ancien ministre socialiste Bernard Kouchner.

Hubert Védrine a participé en février dernier à la « Conférence pour une gouvernance écologique mondiale » organisée à Paris par le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac.

Malgré un second tour des législatives décevant pour le chef de l’Etat – l’UMP a certes obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale mais avec moins de députés que dans la précédente législature – sa volonté d’ouverture reste « intacte », assure-t-on de source proche de la présidence.

Si le choix du chef de l’Etat se portait sur Jean-Louis Borloo, il faudrait trouver à ce dernier un remplaçant à Bercy – le nom du patron d’Axa, Henri de Castries, était cité dimanche soir à l’UMP mais l’hypothèse paraît à beaucoup farfelue.

D’autres questions restent ouvertes. Le successeur d’Alain Juppé se verra-t-il confier le même ministère ou celui-ci sera-t-il redécoupé ?

Nicolas Sarkozy, qui s’est beaucoup investi dans la recherche d’un accord sur le réchauffement climatique lors du récent sommet du G8 et a promis un « Grenelle de l’environnement » à l’automne, peut-il abaisser le rang du futur ministre du développement durable dans la hiérarchie gouvernementale ?

Dans la majorité présidentielle, on estimait lundi que le prochain remaniement ministériel pourrait en tout cas réserver des surprises, y compris en ce qui concerne les attributions des actuels membres du gouvernement.

Seule certitude, selon des sources proches de la présidence, du gouvernement et de l’UMP : il n’est pas question que le chef de l’Etat déroge à la règle édictée avant les législatives par François Fillon contraignant tout ministre battu à démissionner, pour garder Alain Juppé au gouvernement.

« Je crois que, là, les Français ne le comprendraient pas », a déclaré sur RTL l’ex-ministre délégué au Budget Jean-François Copé. « La tradition républicaine s’appliquera », confirmait-on de source proche de la présidence de la République.