Le plein emploi en cinq ans, c’est possible



Atteindre le plein emploi signifie baisser le taux de chômage de 3,4 points, mais aussi donner un emploi à ceux qui sont actuellement exclus du marché du travail. Cet objectif est réalisable. Plusieurs pays européens aux modèles économiques et sociaux très différents ont réussi à réduire dans des proportions similaires leur taux de chômage.

Atteindre le plein emploi signifie baisser le taux de chômage de 3,4 points, mais aussi donner un emploi à ceux qui sont actuellement exclus du marché du travail. Cet objectif est réalisable. Plusieurs pays européens aux modèles économiques et sociaux très différents ont réussi à réduire dans des proportions similaires leur taux de chômage.

Atteindre le plein emploi signifie baisser le taux de chômage de 3,4 points (de 8,4% en février 2007 à 5% en 2012), soit créer 1 million d’emplois (de 2,3 millions à 1,3 millions de chômeurs), mais aussi donner un emploi à ceux qui sont actuellement exclus du marché du travail (et qui ne sont donc pas comptabilisés comme chômeurs) : mères isolées, jeunes, seniors… soit encore 1,2 millions d’emplois à créer pour atteindre des taux d’activité comparables à la moyenne de l’UE 15. Au total, ce sont donc environ 2,2 millions de nouveaux emplois qui devront être créés en cinq ans.

Les gisements d’emplois nécessaires existent dans l’économie française. Il faut les mobiliser :

• l’institut indépendant Rexecode a chiffré à 200 000 emplois le nombre d’emplois créés par la seule mesure sur l’exonération des heures supplémentaires (quand Royal en détruit 230 000 et Bayrou 60 000) ;

• 350 000 offres d’emplois restent insatisfaites chaque année, dont une grande partie dans l’artisanat ;

• 1,2 millions d’emplois pourraient être créés dans le secteur du commerce et de l’hôtellerie-restauration si celui-ci employait la même proportion de salariés que le même secteur en Allemagne ;

• 500 000 emplois dans les services à la personne seront créés d’ici 2009. Si chaque ménage consommait deux heures de services supplémentaires par semaine, cela donnerait un million d’emplois de plus ;

• 800 000 nouveaux emplois devraient voir le jour dans les fonctions d’encadrement et d’expertise (cadres administratifs, professionnels de la communication, informaticiens, etc.) et dans les emplois liés à la mondialisation (transport et logistique, marketing, design, protection juridique, fonctions commerciales et vente) ;

• jusqu’à 240 000 nouveaux emplois pourraient être créés en rapport avec les énergies renouvelables et des centaines de milliers d’autres dans le secteur de l’Internet et des télécommunications. Nos principaux pôles de compétitivité, mis en place en juillet 2005, se rapprocheront dans les prochaines années de la taille de leurs concurrents à l’étranger multipliant ainsi les emplois de haute technologie ;

• enfin, en se fixant un objectif de 2 000 PME de 500 salariés, c’est 1 million d’emplois supplémentaires qui seront créés.

Au total, il existe un gisement de 4 à 5 millions d’emplois potentiels, auxquels on pourrait aussi ajouter le bâtiment et les travaux publics, les services de santé, l’industrie agroalimentaire, le secteur énergétique, les micro et nanotechnologies… Les gisements d’emplois sont en fait quasi infinis. Encore faut-il mettre en œuvre la politique économique qui permette de les transformer en emplois concrets pour les Français.

Une politique économique pour libérer les gisements d’emplois existants :

faire que les Français soient plus nombreux à travailler, car l’activité des uns crée le travail des autres. Il faut lever tous les obstacles qui empêchent de travailler ou de travailler plus : rémunérer les heures supplémentaires 25% de plus que les heures normales et les exonérer de charges sociales et fiscales ; défiscaliser le travail étudiant ; supprimer tous les dispositifs qui conduisent à sortir trop tôt du marché du travail (préretraites, dispense de recherche d’emploi, restrictions sur le cumul emploi-retraite) ; garantir que le travail soit toujours plus payant que l’inactivité ; réunir l’ANPE et l’Unedic en un seul service public de l’emploi afin qu’il conduise au retour à l’emploi beaucoup plus rapidement ;

aider nos PME à grandir : fin de la prolifération des textes, contrat de travail unique, suspension expérimentale des seuils, Small Business Act à la française pour que les PME aient accès à la commande publique et aux crédits de recherche, fiscalité favorable à la croissance des entreprises (baisse du taux d’impôt sur les sociétés, baisse de la fiscalité sur le travail grâce à la TVA sociale) ;

investir massivement dans la formation, la recherche et l’innovation. Cela exigera un effort financier sans précédent (neuf milliards d’euros sur cinq ans pour l’enseignement supérieur et la recherche) ainsi que la réorganisation de notre système d’enseignement supérieur (autonomie des universités, financement des filières qui ont des débouchés, création de campus d’excellence) et de recherche (financement par appel à projet et non plus par structures afin de pouvoir concentrer les moyens sur les secteurs d’avenir, soutien aux pôles de compétitivité, élargissement du crédit impôt-recherche pour que les PME participent à l’effort de recherche).

 

LE PLEIN EMPLOI EN CINQ ANS : LES AUTRES L'ONT FAIT

Pour atteindre le plein emploi, la France devra passer d’un taux de chômage de 8,4% aujourd’hui à 5% en 2012, soit une baisse de 3,4 points en cinq ans.

Cet objectif est réalisable. Depuis 15 ans, plusieurs pays européens, représentant des modèles économiques et sociaux très différents (anglo-saxon, scandinave, méditerranéen) ont en effet réussi à réduire dans des proportions similaires leur taux de chômage.

I. Atteindre le plein emploi en cinq ans : cinq exemples européens

1. Le Danemark est parvenu au plein emploi en cinq ans : son taux de chômage est passé de 9,6% en 1993 à 4,9% en 1998, soit une baisse de 4,5 points. Son taux de chômage est aujourd’hui de 3,9%.

2. La Suède a atteint le plein emploi en quatre ans, de 9,9% en 1997 à 4,9% en 2001, soit une baisse de 5 points. Son taux de chômage est aujourd’hui de 4,8%.

3. L’effort du Royaume-Uni a duré à peine plus longtemps (six ans). Il a diminué son taux de chômage de 8,5% en 1995 à 5% en 2001 (- 3,5 points)

4. L’Irlande avait un taux de chômage de 15,4% en 1992. Deux législatures successives (d’une durée de cinq ans chacune) lui ont permis de le baisser de plus de 11 points en dix ans. De 1992 à 1997, il a chuté de 5,5 points (9,9% en 1997), puis jusqu’à 2002, de 5,6 points (4,3% en 2002, qui est aussi le taux de chômage irlandais actuel).

5. L’Espagne n’est pas encore arrivée au plein emploi, mais sa performance est tout de même exemplaire. Son taux de chômage est passé de 19,8% en 1994 à 8,6% aujourd’hui, soit une baisse de plus de 11 points en 12 ans. José Maria Aznar, durant les cinq premières années de son gouvernement, a notamment réussi à réduire le taux de chômage de 7,4 points (plus du double de l’effort à réaliser en France), de 18,2% en 1996 à 10,8% en 2001.

II. Les recettes européennes du plein emploi : travail, entreprises, innovation

1. Aucun de ces cinq pays n’a conduit de politique de partage du travail. Au contraire, c’est en travaillant plus qu’ils ont réduit le chômage. Un Espagnol travaille en moyenne chaque année sept semaines de plus qu’un Français, un Britannique quatre semaines, un Irlandais trois semaines. En 1990, les Suédois et les Danois travaillaient moins longtemps que les Français ; aujourd’hui, c’est l’inverse qui est vrai. De même, alors que l’âge moyen de sortie du marché du travail est de 58 ans en France, il est égal ou supérieur à 61 ans dans les cinq autres pays (64 ans en Suède).

2. Les cinq pays ont mis en place un environnement réglementaire et fiscal favorable à la création de richesses. Leur taux d’impôt sur les sociétés est inférieur à celui de la France (33,3%). Il est de 28% en Suède et au Danemark, et l’Espagne vient de baisser le sien à 30% (25% pour ses PME). La fiscalité pesant sur le travail est également faible au Danemark, la protection sociale étant financée par une TVA à 25%. Le Royaume-Uni bénéficie d’une fiscalité très incitative en matière d’investissement dans les PME innovantes, les universités, les fondations de recherche.

3. En Suède, au Danemark et au Royaume-Uni, les entreprises ont également obtenu une plus grande flexibilité sur le marché du travail afin de pouvoir embaucher plus facilement. Les services publics de l’emploi ont été parallèlement réformés pour mieux protéger les travailleurs (maintien d’allocations chômage généreuses, y compris au Royaume-Uni), mais aussi être plus incitatifs à la reprise d’emploi (suivi individuel des chômeurs, réduction des indemnités en cas de refus de reprendre un emploi, accompagnement renforcé pour les populations les plus en difficulté).

4. La Suède, le Danemark et le Royaume-Uni font partie des économies européennes les plus innovantes, non pas grâce au niveau de leurs dépenses publiques en la matière, mais par leur grande capacité à mobiliser des investissements privés et la souplesse de leur système d’enseignement supérieur et de recherche (universités autonomes placées au centre de l’effort de recherche, financement selon une logique d’appels à projets), qui a permis à partir de la seconde moitié des années 90 de redéployer rapidement les financements vers les secteurs créateurs des emplois de demain (biotechnologies, Internet, technologies de l’environnement).

5. Tous ces pays ont appuyé leur politique économique sur des finances publiques équilibrées grâce à la maîtrise de leurs dépenses publiques et, pour la Suède et le Royaume-Uni, à la suite d’une profonde réforme de l’Etat.

6. Cette politique de croissance centrée sur le travail et l’innovation a permis à chacun de ces pays non seulement de conserver une importante base industrielle (voire de l’élargir à de nouvelles activités de haute technologie dans le cas du Royaume-Uni et de la Suède), mais aussi de bénéficier de l’expansion du secteur des services et d’y multiplier les nouveaux emplois (services aux particuliers, services financiers, tourisme, restauration, construction, etc.).