Nicolas Sarkozy vendredi en Corse


Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et candidat à l’élection présidentielle, effectue vendredi sa 17e visite en Corse depuis 2002 dans un contexte tendu par les derniers attentats.

Le ministre-candidat n’a pas choisi une destination facile pour son premier déplacement de l’année 2007. La Corse est en effet l’un des points noirs de son bilan: en juillet 2003, il n’était pas parvenu à convaincre les électeurs insulaires d’approuver par référendum son projet d’évolution institutionnelle.

La venue de M. Sarkozy, attendu à 10h15 à Ajaccio, a été précédée par une mini-nuit bleue. Un militant nationaliste est mort et un autre a été blessé dans l’attentat à l’explosif qu’ils s’apprêtaient à commettre mercredi soir à Solaro, sur la côte orientale de la Corse, tandis qu’une série de bombes explosaient dans la nuit dans la région d’Ajaccio.

Dans un entretien à paraître vendredi dans « Corse-Matin », le ministre-candidat a exprimé sa « tristesse » et sa « consternation devant la poursuite d’attentats qui ne fait de mal qu’à la Corse et aux Corses ». « Je reste ouvert à la discussion avec tous ceux qui veulent un autre avenir pour la Corse, mais je continuerai de combattre sans relâche cette violence inutile et dévastatrice », promet M. Sarkozy.

Le ministre de l’Intérieur s’engagera donc à Ajaccio, où il rencontrera à huis clos des élus et des acteurs socio-professionnels de l’Ile de Beauté, à ne pas fléchir dans la politique de fermeté conduite depuis 2002, qui produit selon lui des résultats. L’Etat a procédé en 2006 à 181 interpellations d’auteurs d’actes de violence, de terrorisme et de banditisme, contre 151 en 2005.

Mais M. Sarkozy veut aussi parler de l’avenir de la Corse. Il se rendra ainsi dans l’après-midi dans le village de Sainte-Lucie de Tallano, à 90km au sud-ouest d’Ajaccio, pour visiter un gîte rural et rencontrer des élus sur le thème du développement rural.

« L’objectif (…), c’est que les jeunes Corses qui le veulent puissent vivre et travailler en Corse avec de vraies perspectives. Et il faut qu’ils vivent dans un environnement préservé parce qu’il est exceptionnel et doit le rester », explique le candidat dans « Corse-Matin ». Il propose d’organiser avec les élus une « consultation » des jeunes Corses pour « mieux connaître leurs attentes ».

Le président de l’UMP, encore marqué par sa « déception » de 2003, devrait en revanche rester très prudent sur les possibles évolutions institutionnelles. « Un tel changement ne pourrait venir que de la volonté des Corses eux-mêmes », estime-t-il, en dénonçant la « contradiction » des socialistes dans ce dossier.

S’il vient officiellement en ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy se comportera une fois de plus en candidat. Il entamera ainsi sa visite par l’indispensable bain de foule sur le marché d’Ajaccio.

Cette double casquette fait des remous au niveau local comme national. Les quatre parlementaires radicaux de gauche de Corse et les élus du groupe « la Corse dans la République », emmenés par l’ancien ministre Emile Zuccarelli, ont annoncé jeudi qu’ils boycotteraient la rencontre des élus avec M. Sarkozy, regrettant son « excessif mélange des genres entre des fonctions gouvernementales et la campagne d’un candidat à l’élection présidentielle ».

Cette polémique locale intervient alors que Nicolas Sarkozy est soumis à Paris à la pression de Jacques Chirac pour qu’il quitte la place Beauvau après son adoubement le 14 janvier par les militants UMP. Dans un avertissement au président de l’UMP, le chef de l’Etat a estimé mercredi qu’un engagement dans le débat électoral « ne saurait en aucun cas d’exercer au détriment » de la « mission gouvernementale » des ministres.