Villepin-Sarkozy : 5 questions qui agitent la majorité


Nicolas Sarkozy a-t-il intérêt à rester au ministère de l’Intérieur ?

Dans l’avion qui le ramenait du Bénin, samedi dernier, Nicolas Sarkozy a avoué qu’il s’interrogeait. Dominique de Villepin n’allait-il pas l’entraîner dans sa chute ? «Si je le savais !» Son seul indicateur disponible : «Pour le moment, je ne souffre pas dans les sondages.»

Officiellement, le ministre de l’Intérieur a décidé d’attendre le dénouement judiciaire de l’affaire Clearstream pour en «tirer les conséquences politiques». Le 13 mai encore, il pensait que les choses iraient «vite». Depuis, c’est tout le contraire qui se passe. L’enquête patine. Le sujet se banalise dans l’opinion publique. «Villepin a gagné des points, les Français sont mithridatisés», reconnaît un sarkozyste, qui désespère que la «vérité» soit établie un jour. Plus optimiste, Nicolas Sarkozy paraît toujours convaincu «qu’avant le 30# juin», les juges auront «enfin» fait avancer l’enquête. Jean-Louis Gergorin doit être entendu en début de semaine prochaine. «Nous espérons qu’il parlera», soupire Pierre Méhaignerie.

Jusqu’à quand ?

L’ambiance dans la majorité ne cesse de se dégrader. Si l’affaire Clearstream se perd dans les sables des vacances d’été, Nicolas Sarkozy risque de ne plus pouvoir s’offrir le luxe d’attendre. Certains de ses amis, comme le sénateur Alain Lambert ou le député Dominique Paillé, rêvent d’un départ du ministère de l’Intérieur en octobre, après le vote de son dernier grand projet de loi sur la prévention de la délinquance. D’autres, comme Brice Hortefeux, restent sur la ligne de son maintien le plus longtemps possible au gouvernement. Ces tenants du statu quo voient un signe encourageant dans l’affichage du couple Villepin-Sarkozy hier à la conférence de presse sur la prévention de la délinquance.

Dominique de Villepin peut-il rester à Matignon ?

Avant son décollage pour Brasilia, hier, Jacques Chirac a été très clair avec ses conseillers : «Dans son esprit, la question ne se pose même pas. Il veut garder# Dominique.» Sauf coup de théâtre dans le dossier Clearstream, le chef de l’Etat n’envisage donc pas de changement de premier ministre. Pas plus qu’un remaniement gouvernemental auquel Dominique de Villepin avait pourtant songé au lendemain du retrait du CPE : «Aujourd’hui, cela n’a plus d’intérêt», tranche un proche du président. Conforté par l’Elysée, Dominique de Villepin a confié à trois de ses ministres : «J’ai la confiance du président.» Mais l’inquiétude des villepinistes reste palpable et tout le monde redoute, mardi, le retour devant les députés. Des députés que le premier ministre n’a pas revus depuis le camouflet qu’ils lui ont infligé lors du débat sur la motion de censure.

Si Villepin part, qui pour le remplacer ?

Depuis deux jours, les anti-villepinistes haussent le ton. Le député UMP François Grosdidier est aussi direct que Nadine Morano (lire ci-dessous). «Depuis la crise du CPE, nous avons compris que Villepin pouvait faire un faux pas à tout moment. S’il est encore à Matignon en 2007, il fait courir un gros risque à Nicolas pendant sa campagne», affirme un proche du ministre de l’Intérieur. Pour un député# sarkozyste, «Villepin est dans un fauteuil roulant, il faut le paralyser complètement». Plusieurs élus UMP plaident désormais ouvertement pour la promotion de Jean-Louis Borloo. Mais le ministre de la Cohésion sociale souffle le chaud et le froid. Depuis hier, le nom de Nicolas Sarkozy revient également très fort dans la liste des «nominables» à Matignon, bien que le principal intéressé se défende toujours de le souhaiter.

Comment tenir jusqu’en 2007 ?

Ministre de l’Outre-Mer, François Baroin n’est pas inquiet pour la fin du quinquennat : «Il reste un ou deux textes, plus la loi de finances à faire voter à l’automne. Ensuite, on entrera de plain-pied dans la campagne présidentielle. Que Sarkozy parte avant ou après les fêtes, ça ne change pas grand-chose.» De fait, Dominique de Villepin a clairement laissé entendre, hier matin, qu’il n’y aurait pas de session parlementaire extraordinaire. Pas question donc «d’ennuyer» les députés, déjà très remontés. La réforme des tutelles et le projet de loi sur la prévention de la délinquance seront examinés à l’automne. De quoi inciter Nicolas Sarkozy à rester au gouvernement pour défendre son texte, au moins en première lecture, àen première lecture, à l’Assemblée nationale. Il sera toujours temps ensuite de quitter le gouvernement pour faire sa campagne présidentielle.

source : Le Figaro