Inventer la protection sociale du 21ème siècle


Jeudi 13 avril, le ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire a effectué un déplacement dans la région du Nord-Pas-de-Calais, rythmé par la visite d’une PME de fabrication d’essieux à Trith-Saint-Léger dans le département du Nord, puis de la mission locale de l’emploi de Lambersart et enfin du site de l’ancienne usine de Metaleurop Nord à Noyelles-Godault dans le département du Pas-de-Calais.

Dans une région qui « connaît les sacrifices que doivent faire ceux qui veulent réussir », il a dénoncé le paradoxe d’un système où « le droit du travail n’a jamais été aussi protecteur et où les salariés n’ont à ce point ressentis la précarité ». Dans le même temps, il a rappelé la nécessité d’une « plus grande flexibilité de l’emploi » pour « libérer les embauches » des entreprises, « enfermées dans des règles d’une rigidité absolue ».

Pour adapter les « protections des salariés aux besoins d’aujourd’hui », il a proposé la création d’un « droit à un reclassement personnalisé par un service public de l’emploi performant, issu de la fusion de l’ANPE et de l’Unedic » avec un interlocuteur unique, « gage d’une plus grande efficacité ». Pour les « entreprises qui recourent beaucoup au licenciement », il a souhaité qu’elles « contribuent davantage que les autres à l’assurance chômage ». Et suggérer « un droit à une indemnisation décente du chômage », « une protection accrue des salariés face aux accidents du travail et aux maladies professionnelles », ainsi que la création d’un compte-épargne formation individuel qui serait attaché au salarié tout le long de sa carrière.

Sur l’ancien site en cours de revalorisation de Metaleurop Nord, il a plaidé pour que l’Etat « se donne les moyens d’agir contre ceux qui (…) n’ont en tête que le pillage des ressources et des technologies de nos entreprises ». Face à cette « faiblesse de notre droit français », il a fait part de son intention de demander « au ministre de la Justice et celui des Finances d’agir sur ce sujet ».

Réformer le dialogue social

Tirant les enseignements de la crise du CPE, il s’est dit favorable à la primauté de « la discussion entre partenaires sociaux » s’agissant du droit du travail, à condition que « la durée de la négociation soit limitée » dans le temps. Si un accord n’est pas trouvé dans le délai prévu, à ce moment, c’est le Parlement et le gouvernement qui reprendraient la main. « Vis-à-vis de l’opinion publique, le Parlement et le gouvernement seraient beaucoup plus légitimes à agir, car ils agiraient à la suite de l’impossibilité de trouver un accord a priori entre partenaires sociaux. A ce moment, la question de la rue ne se poserait pas » a-t-il fait valoir.

Pour lui, il faut se saisir de « l’épreuve que la France vient de traverser » « pour moderniser résolument le dialogue social ». Et de relever que le dialogue social a permis à la majorité actuelle de réussir la réforme des retraites en 2003.