Coup de filet d’un réseau terroriste


Nicolas Sarkozy, invité de « Pièces à conviction » sur France 3 pour détailler son projet de loi antiterroriste, a réaffirmé les craintes exprimées depuis les attentats de Londres par les responsables de l’antiterrorisme français : la France n’échappe pas à la menace.

Coïncidence de l’actualité : lundi matin, un groupe d’islamistes présumés, dont plusieurs membres sont soupçonnés d’avoir envisagé des attentats sur le territoire français, était appréhendé en région parisienne et en Normandie ; lundi soir, France 3 a diffusé une émission de « Pièces à conviction », enregistrée avant ce coup de filet, dans laquelle Nicolas Sarkozy a détaillé l’avant-projet de loi antiterroriste annoncé après les attentats de Londres. Ce texte doit être examiné par la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) et le Conseil d’Etat, avant d’être présenté le 19 octobre en Conseil des ministres.

« La menace terroriste existe, elle est à un niveau très élevé », a mis en garde le ministre de l’Intérieur lors de cette émission. « New York, Madrid, Londres. Forcément, on pense à Paris, à Berlin et à Rome », avait auparavant déclaré Nicolas Sarkozy selon qui « les cibles désignées sont les démocraties ». Interrogé pour savoir si cela concernait également la France, il a répondu : « Bien sûr ». Une menace d’autant plus difficile à combattre que l’ennemi est difficile à identifier. « En ce moment même, on se demande pourquoi un certain nombre de jeunes Français sont au Pakistan dans des écoles religieuses. En ce moment même, nous savons qu’il y a une dizaine de jeunes Français qui sont en Irak, prêts à faire les kamikazes », a déclaré le ministre.

« Nous voulons savoir qui part où, pour combien de temps »

Détaillant également les difficultés de la lutte antiterroriste, il a souligné : « il faut bien comprendre que (les cellules terroristes), ce sont de toutes petites équipes parfaitement intégrées et que la difficulté c’est qu’il faut intervenir avant » qu’elles ne passent à l’action. « Si on intervient trop tôt on n’a pas les preuves judiciaires de ce qu’ils préparent. Si on intervient trop tard, on a des victimes ».

D’où ce projet de loi antiterroriste, qu’il a détaillé au cours de l’émission. En cas d’adoption de ce texte, le contrôle des déplacements notamment vers des pays « à risques » et celui des échanges téléphoniques ou internet, serait renforcé. « Nous voulons savoir qui part où, pour combien de temps et quand il revient », a dit Nicolas Sarkozy. « Quand quelqu’un habite un quartier, que tout à coup il disparaît en Afghanistan et qu’il revient quatre mois après, on est en droit de lui demander ce qu’il a fait ».

Insistant sur l’importance du renseignement, le ministre a défendu son projet, qui prévoit notamment un renforcement de la vidéosurveillance sur laquelle la France n’est « pas au niveau », du contrôle des données de connexion téléphoniques et internet, et un accès facilité à certains fichiers. « La première des libertés, c’est de pouvoir prendre le métro et le bus sans craindre pour sa vie, pour soi ou pour les membres de sa famille », a répondu le ministre interrogé sur les risques d’atteinte à la vie privée. Nicolas Sarkozy a répété qu’il serait intransigeant à l’égard de ceux qui tiendraient des propos incitant à la haine et la violence islamiste: « Depuis octobre 2003, ce sont 34 prédicateurs que nous avons mis dehors. Nous avons encore une dizaine de gens que l’on veut mettre dehors ».

Photo d’ouverture : Nicolas Sarkozy, lundi soir sur France 3 – DR