Sarkozy lance les primaires parisiennes


C’est parti ! Tous les candidats ne sont pas encore dans les starting-blocks, mais le processus qui permettra à l’UMP de choisir celui qui portera ses couleurs aux municipales de 2008 à Paris a été lancé samedi par Nicolas Sarkozy. Devant plus de deux mille militants de la capitale, réunis en états généraux au Parc floral de Vincennes, le chef du parti majoritaire s’est porté «garant» du bon déroulement de la primaire qui doit aboutir le 25 février 2006 à la désignation de l’adversaire de Bertrand Delanoë.

Pierre Lellouche, Jean Tiberi, Claude Goasguen et Françoise de Panafieu, déjà sur les rangs, ont pris tour à tour la parole. Au même moment, un cinquième candidat, le conseiller régional d’Ile-de-France Jean-Luc Roméro, annonçait sur France 3 son intention de participer à la compétition interne.

Ce lancement des opérations électorales trois ans avant l’échéance vise à empêcher les guerres fratricides dont la droite parisienne s’est fait une spécialité, comme le lui a rappelé son nouveau patron. «Pas par masochisme», mais parce qu’il est «convaincu que les mêmes causes produiront les mêmes effets» : «En 2001, ce n’est pas la gauche qui a gagné, c’est nous qui avons perdu. Nous étions majoritaires en voix, ce qui démontre que malgré tous nos problèmes, le potentiel est là, disponible, prêt à s’enthousiasmer à nouveau pour peu que nous donnions les preuves de notre réveil.»

«Rien n’est joué pour 2008», a confirmé Pierre Giacometti, directeur général d’Ipsos et «M. Loyal» des débats.

Nicolas Sarkozy a fixé les règles et le calendrier de la primaire. Les candidats auront jusqu’au 12 septembre pour réunir les parrainages de dix élus parisiens et de cent militants inscrits dans au moins dix circonscriptions de la capitale. La campagne démarrera le 19 septembre et le premier tour du scrutin est prévu le 25 février 2006, avec un second tour si nécessaire le 6 mars. «A ceux qui me disent que c’est trop tôt, qu’on a tout le temps, je réponds qu’on a tout le temps de perdre», a expliqué le président de l’UMP. Son objectif : faire de Paris le laboratoire des «changements majeurs» qu’il a promis d’apporter au fonctionnement de la droite, l’instauration d’une «véritable démocratie» qui accepte «la concurrence, l’émulation, la compétition».

«Ceux qui considèrent qu’ils sont suffisamment importants pour ne pas se plier à l’investiture iront se faire investir ailleurs», a-t-il prévenu. Le public, composé de militants de longue date, a compris que le message s’adressait d’abord à Bernard Debré, qui a quitté l’UMP pour se faire élire député en juin dernier dans le XVIe-nord avec le soutien de l’UDF, et qui veut se lancer dans la bataille des municipales sans se soumettre à une quelconque primaire.

Quant aux membres du gouvernement, Nicolas Sarkozy les a prévenus : «Ils auront les mêmes droits que les autres, mais aussi les mêmes obligations.» C’est ce qu’il a dit à Michel Barnier quand le ministre des Affaires étrangères est venu le voir pour évoquer sa candidature. Seul ministre, jusqu’à présent, à s’être manifesté auprès du président de l’UMP, il n’a pas participé aux états généraux, contrairement à son collègue chargé des Sports, Jean-François Lamour, qui a obtenu un temps de parole à la tribune pour faire le point sur le dossier olympique. Tenté par l’aventure parisienne, il attend la décision du Comité international olympique (CIO), attendue le 6 juillet, avant de se lancer éventuellement dans la bataille. Sarkozy n’y voit aucun inconvénient.

Le président de l’UMP a voulu une primaire pour que les concurrents se «respectent», parce que «celui qui sera désigné aura besoin de tous les autres», mais aussi pour dissuader les candidatures ministérielles de dernière minute. Il a d’ailleurs signalé samedi que «les parachutages ne sont pas bien perçus par ceux qui travaillent sur le terrain depuis longtemps». Une remarque qui ira sûrement droit au coeur de Dominique de Villepin et de Jean-Louis Borloo, dont les ambitions sont connues mais qui refusent l’un comme l’autre de se soumettre au choix des militants de l’UMP. Nicolas Sarkozy a décidé de tenir bon face à ces deux poids lourds. Il en va de sa crédibilité de chef du parti majoritaire, mais aussi de sa propre candidature à la présidentielle de 2007. Au cas où le lien aurait échappé à l’auditoire, il y a fait allusion en promettant de se «plier» lui-même à la règle qu’il impose aux prétendants parisiens. Le message, cette fois, était adressé à Jacques Chirac.