Donner un patron politique à l’Europe !


Pour Nicolas Sarkozy, en meeting à Bourg-en-Bresse, mercredi 29 avril, aux côtés du ministre de l’Economie, Thierry Breton, l’Europe a un problème majeur : elle n’a pas de patron ! « Si les technocrates, eurocrates, commissaires européen ont pris le pouvoir, c’est parce que nous leur avons abandonné » a-t-il lancé. « Si l’on veut d’une Europe qui rende des comptes, si l’on veut sortir de l’immobilisme, si l’on veut que la France pèse davantage en Europe, le oui est la seule alternative » avait affirmé le matin même le président de l’UMP dans un entretien au quotidien Le Progrès.

Interview de Nicolas Sarkozy, président de l’UMP Le quotidien Le Progrès du 27 avril 2005

Le non s’incruste dans les sondages. À votre avis, pourquoi ? Je ne commente pas des sondages. Ce qui est important, c’est ce que décideront les Français le jour du vote. Tout reste possible aujourd’hui. Je préfère exprimer avec constance quels sont les arguments pour dire oui à la Constitution.

Mais vous percevez les raisons qui poussent à dire non ? En menant cette campagne, je constate une incompréhension devant une Europe qui donne le sentiment de se construire sans tenir compte des aspirations des gens. J’ai vu des agriculteurs inquiets pour les prix de leurs produits. Il y a aussi les délocalisations, l’élargissement à la Turquie qui fait office d’épouvantail. Il faut expliquer que la Constitution est une réponse à ces inquiétudes. Si l’on veut que l’Europe change, il faut voter oui.

N’y a-t-il pas une responsabilité des hommes politiques ? Les responsabilités sont partagées par beaucoup de gens. Avant de voir quelles sont ces responsabilités, il ne faut pas faire comme si le non l’avait emporté.

Qu’allez-vous faire pour inverser la tendance ? Je sens remonter le oui. Chacun dans le pays a bien compris que le non porterait tort à l’image de la France. Et il faut expliquer que si l’on veut que l’Europe change, si l’on veut d’une Europe qui rende des comptes, si l’on veut sortir de l’immobilisme, si l’on veut que la France pèse davantage en Europe, le oui est la seule alternative.

On vous dit libéral, la Constitution l’est-elle ? Je ne sais pas ce que l’on dit de moi. Lorsque je suis intervenu pour Sanofi et Alstom, on m’a reproché l’inverse. Libéral ou pas, la seule question à se poser, c’est : pourquoi y a-t-il deux fois plus de chômeurs en France ? Il faut réfléchir à cela. Quant à la Constitution, elle est une règle de fonctionnement pour l’Europe, comme la Constitution de 1958 l’est pour la France. Notre Constitution Française a permis en 1981 de nationaliser des banques, comme elle a permis en 1986 de privatiser. Est-ce qu’on dit qu’elle est libérale ? Non.

On vous reproche de ne pas vous impliquer suffisamment dans la campagne Ces reproches émanent d’un tout petit nombre et sont destinés à alimenter la polémique. Je suis tous les jours en campagne et ceux qui me critiquent ne font pas le dixième de ce que je fais sur le terrain.

Etes-vous amusé ou attristé par le spectacle donné par le parti socialiste ? Ni l’un, ni l’autre. J’essaie surtout que l’UMP ne donne pas ce spectacle de la division. Et si l’UMP est unie, c’est sans doute aussi parce que je m’investis dans cette campagne.

Quelles seraient les conséquences d’un refus de la Constitution ? La première, ce serait l’isolement de la France. Pour la première fois, elle dirait non à l’Europe alors que l’Allemagne dirait oui. Ce serait le retour au Traité de Nice, c’est-à-dire qu’on resterait avec tout ce qui va mal. La France, qui aurait perdu tout crédit et toute influence, devrait engager de nouvelles et longues négociations.

Etes-vous arrivé à dissocier la question turque du référendum ?

Je pense que nous avons réussi à convaincre les Français qu’en votant oui, on hausse la marche qui permettrait à la Turquie d’entrer en Europe. Dire oui à la Constitution, c’est se donner les moyens de dire non à l’entrée de la Turquie.