Le président de l’UMP veut confier aux militants le choix du candidat pour 2007


«La désignation, les petits clans, les petites combines, je n’en veux pas» : c’est ainsi que Nicolas Sarkozy a justifié hier soir sur France 2 son intention de rompre avec la façon dont la droite choisit ses candidats. Il a estimé que «la seule méthode», «c’est de se tourner vers les adhérents et vers les élus et de leur demander leur opinion». Y compris pour la présidentielle, «le moment venu».

par Le Figaro

Quand il a abordé ce thème hier après-midi, à la Maison de la chimie, Jean-Claude Gaudin s’est senti directement visé. Et pour cause : le vice-président de l’UMP dirigeait la commission d’investiture électorale du parti sous Juppé. «Vous voulez que ce soit une commission présidée par Jean-Claude Gaudin qui désigne notre candidat en 2007 ?» a ironisé Nicolas Sarkozy, avant de se rattraper en voyant le visage du maire de Marseille se décomposer – «Pardon, Jean-Claude !»

Le rival quasi déclaré de Jacques Chirac ne s’est pas donné la peine, en revanche, de commenter la sortie de Jean-Louis Debré (voir ci-dessous), au motif que «tout ce qui est excessif ne compte pas». Il a simplement estimé sur France 2 que les déclarations du président de l’Assemblée nationale étaient «une provocation de plus». Aux yeux de son cadet, le président sortant n’a aucun droit de préséance. «L’UMP soutiendra un candidat, a résumé Nicolas Sarkozy. La question qui se pose est : comment choisira-t-elle ce candidat ? Je souhaite que ce soit par la démocratie et un vote le plus large possible.»

A deux ans de «l’élection la plus importante» pour les Français, le plus populaire des responsables de la droite juge déjà intolérable que la présidentielle soit «un sujet tabou». La façon «en général très intelligente» dont la question est traitée l’excède. Michèle Alliot-Marie, spécialiste des interventions sur ce sujet, appréciera, de même que François Fillon. Chargé par Nicolas Sarkozy de coordonner le projet du parti pour 2007, le nouvel «allié» du chef de l’UMP l’a mis publiquement en garde contre l’ouverture prématurée de la compétition présidentielle le jour même de son élection, à la tribune du congrès du Bourget.

La seule règle à laquelle le champion des sondages se soumettra est toujours celle qu’il avait définie lors de son discours de candidature à la présidence de l’UMP, en septembre, à Avoriaz : «Qui sera le mieux placé pour défendre notre projet ?» Une règle qu’il résume d’un mot, «démocratie», sans s’aventurer encore sur le terrain de la procédure, mais en mettant déjà Jacques Chirac au défi de se mesurer à lui devant les militants du parti majoritaire. Quand Nicolas Sarkozy a souligné hier à plusieurs reprises qu’on pouvait sous la Ve République «être candidat en dehors des partis», chacun a compris que c’est au président sortant qu’il s’adressait.

En attendant l’ouverture de la course à l’Elysée, le président de l’UMP a décidé de se servir des municipales à Paris pour apprendre la «démocratie» à la droite. «Ce sont les adhérents et eux seuls qui désigneront leur candidat à la mairie de Paris», a-t-il promis, en annonçant qu’il les consulterait «à la fin de l’année». La méthode devrait être appliquée dans «toutes les grandes villes, toutes les circonscriptions où l’UMP n’aurait pas de sortant ou bien ou aucun des candidats potentiels ne serait en mesure de s’imposer». «Je réfléchis par ailleurs à la possibilité de faire ratifier les investitures législatives par un vote de l’ensemble de nos adhérents dans chaque circonscription», a ajouté Nicolas Sarkozy.

Dans la salle, certains caciques ont frémi. D’autres, comme Claude Goasguen, ont soupiré d’aise. Le président du groupe UMP au conseil de Paris, dont l’objectif est de détrôner Bertrand Delanoë, estime que le vote des militants sera le meilleur barrage aux ambitions des ministres qui, à l’instar de Jean-Louis Borloo, ont déjà commencé à poser des jalons dans la capitale.

Par ailleurs, l’ancien député des Hauts-de-Seine a confirmé qu’après la démission de sa suppléante, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, une législative partielle devrait lui permettre de retrouver son siège à l’Assemblée le 13 mars.