UMP: Sarkozy se pose en homme du changement lors de la grand messe du congrès


LE BOURGET (Seine-Saint-Denis) (AFP – 20:38) – Nicolas Sarkozy, 49 ans, élu avec une écrasante majorité président de l’UMP, s’est posé dimanche au Bourget comme l’homme du changement et du « rassemblement » tout en revendiquant son autonomie par rapport au chef de l’Etat et au gouvernement.

« Il y a beaucoup d’épreuves sur la route de celui qui a un grand dessein », a lancé M. Sarkozy, devant plusieurs dizaines de milliers de militants enthousiastes, mettant clairement le cap sur la présidentielle de 2007.

Nicolas Sarkozy a été élu avec 85,1% des voix, contre 9,1% à Nicolas Dupont-Aignan, porte-drapeau des souverainistes à l’UMP, et 5,8% à Christine Boutin, porteuse des valeurs familiales.

« Plus de 40.000″ personnes, selon M. Sarkozy, ont participé au congrès. Ils ont ovationné leur nouveau champion mais aussi Jacques Chirac, son épouse Bernadette, présente dans la salle, et le nom de l’ancien président de l’UMP Alain Juppé, absent.

D’un rythme rapide, Nicolas Sarkozy a lu un message de M. Chirac qui invite les militants de l’UMP à être « les gardiens vigilants » de l’union.

Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a de son côté appelé au « devoir de soutien » de l’UMP au gouvernement.

Dans un discours de près d’une heure, M. Sarkozy s’est clairement positionné à droite. Sur un ton déterminé, ponctuant ses envolées de la formule « je veux », il a mis en avant trois « valeurs essentielles »: « respect », « travail » et « patrie ».

Education, « réhabilitation » du travail, « réforme profonde » des 35 heures, action en faveur des classes moyennes, retraites, intégration, handicapés: le président de l’UMP a tracé sa vision d’un « modèle de réussite français ». Manière de définir sa conception des bonnes relations avec le gouvernement et de laisser entendre qu’il n’allait pas assez loin.

Tout au long de son intervention, il a martelé le mot « réussir »: « Réussir sa famille », « réussir sa vie », « l’éducation de ses enfants, son intégration pour un immigré », parlant aussi de « mérite », d’ »effort », de « justice ».

A maintes reprises, M. Sarkozy a laissé transparaître ses ambitions présidentielles, évoquant « un grand dessein pour la France du XXIe siècle et pour tous les Français ».

« La France ne peut ni ne doit rester immobile (…) Il n’y a qu’une stratégie possible, celle de l’action et du volontarisme », a-t-il dit.

Il s’est beaucoup attardé sur la question de l’éducation, alors qu’il n’était pas intervenu dans le débat sur la réforme proposée par François Fillon, ministre de l’Education nationale.

« Pour construire ce nouveau modèle de réussite républicaine, il nous faut faire de l’éducation, du savoir, de l’intelligence, de la recherche, de l’innovation une priorité stratégique », a-t-il lancé.

Tout en affirmant vouloir « par dessus tout rassembler », il a revendiqué sa liberté de « penser, de proposer, d’imaginer, de débattre ». Ainsi, il s’est de nouveau opposé à Jacques Chirac sur la discrimination positive, la réforme de la loi de 1905 sur la laïcité et l’entrée de la Turquie à l’Europe.

« Il faut avoir le courage de donner davantage à celui qui a le plus de difficultés », a-t-il affirmé. Il a également souhaité que la Turquie soit « associée » à l’Union européenne et « pas intégrée ».

Seuls deux ministres ont été invités à prendre la parole: Philippe Douste-Blazy (Santé) et M. Fillon qui doit faire partie de la nouvelle direction de l’UMP. Ce dernier a mis en garde contre le « communautarisme » et un trop grand attrait pour « la puissance américaine », deux reproches souvent faits par certains chiraquiens à M. Sarkozy.

Michèle Alliot-Marie (Défense) qui n’a pas pu prononcer son discours, pourtant prévu, est partie fâchée avant la fin du congrès.