Discours de Nicolas Sarkozy au Congrès de l’UMP le 28 Novembre 2004 au Bourget


Discours de Nicolas SARKOZY, président de l’UMP CONGRES POUR UN MOUVEMENT POPULAIRE Dimanche 28 novembre 2004 – Le Bourget (Seine Saint-Denis)

Mes chers amis,

Mes premiers mots seront pour vous adhérents de l’Union pour un mouvement populaire qui êtes aujourd’hui ici au Bourget plus de 40 000. Merci de votre soutien, de votre amitié, de votre énergie, de votre enthousiasme.

Merci à tous ces élus de toutes les communes, départements et régions de France qui ont fait un long chemin pour ce congrès, et qui se dévouent sans compter chaque jour au service de nos concitoyens.

Je veux saluer fraternellement les parlementaires de notre mouvement. Vous êtes notre force, notre avant-garde, notre meilleur moyen d’agir. Je veux vous dire combien j’ai besoin de vous.

Bienvenue à tous ceux qui n’ont jamais milité et qui sont avec nous pour la première fois parce qu’ils ont l’espoir que les choses vont changer. Nous ne vous décevrons pas. Elles vont changer.

Je veux dire à Jean-Claude Gaudin, à Pierre Méhaignerie et à François Fillon que je suis heureux de faire équipe avec eux.

Je veux remercier François Baroin pour sa loyauté et son amitié. Nous continuerons à travailler ensemble. Ce sera un beau symbole de notre unité.

Je veux dire à Jean-Pierre Raffarin que ces presque trois ans comme membre de son gouvernement resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

Je veux remercier Bernadette Chirac pour sa présence attentive et amicale. Madame, souvenez-vous de la Corrèze pendant les régionales. C’est moi aujourd’hui qui ai besoin de vous.

Je veux enfin dire à Alain Juppé que nous lui devons beaucoup. Rien de ce qui se passe aujourd’hui n’aurait été possible sans lui.

Chacun peut imaginer l’émotion profonde qui est la mienne au moment où vous venez de me confier la présidence de notre mouvement. Je mesure à cette seconde le poids de mes responsabilités à l’endroit de chacun d’entre vous. Je mesure tout autant l’honneur qui m’échoit.

Je sais que la confiance que vous me témoignez me crée plus de devoirs que de droits. J’ai appris tout au long de ces années d’engagements politiques qu’il y a beaucoup d’épreuves sur la route de celui qui a un grand dessein. Je n’ignore nullement que les attaques les plus rudes me seront plus que jamais réservées. Je connais la difficulté des défis qui m’attendent. Mais tout sera désormais plus simple puisque vous êtes là !

Et notre force ce sera d’être ensemble et de le rester. Grâce à vous, je suis prêt à relever tous ces défis, à affronter sans me dérober toutes ces attaques, à porter votre énergie, à incarner vos espoirs. Je suis prêt comme jamais sans doute je ne l’ai été.

Je suis prêt parce qu’au plus profond de moi-même je sais que la France ne redoute plus le changement mais qu’elle l’attend.

Je sais qu’il faut faire renaître l’espoir parce que les peurs sont nombreuses. Je sais qu’un nouveau monde se dessine qui fait naître des inquiétudes. Mais ce n’est pas en se voilant la face que nous aiderons les Français à surmonter leurs craintes, à les affronter, à les vaincre. En voulant se rassurer à bon compte on ne fait que les renforcer.

Il faut dire la vérité. Avoir le courage de garder les yeux ouverts pour regarder les problèmes en face.

Pour redonner de la considération à la politique il faut commencer par dire les choses telles qu’elles sont sans se demander de façon incessante si cela sera ou non populaire.

Je sais qu’il faut redonner de la force, du contenu, de la noblesse, une utilité à l’action politique. Je sais que les Français attendent un projet mobilisateur qui leur redonne confiance à la fois sur le plan collectif et sur le plan individuel. Un grand dessein pour la France du 21ème siècle et pour tous les Français. Voici la mission première du nouveau mouvement populaire.

Beaucoup de nouveaux équilibres sont en train de se construire.

De nouvelles puissances considérables sont à l’œuvre, celle de la Chine, celle de l’Inde, celle de l’Asie dans son ensemble qui veut que le XXIe siècle soit le sien.

En Europe même, des nations condamnées par le communisme le plus brutal et le marxisme le plus déshumanisé veulent rattraper ces 50 années de cauchemar passées derrière le mur de la honte. Grâce à des hommes d’exception qui s’appellent Lech Walesa, Vaclav Havel, Jean-Paul II, grâce au courage de nos frères européens de l’Est, la liberté a triomphé du mur et l’Europe est enfin réunie.

Ce qui a parfois été décrit comme un risque, je le vois comme une chance, comme une blessure enfin cicatrisée. Comme une injustice désormais réparée. Nos frères de l’Est aspirent maintenant au progrès, à la croissance, à la prospérité. Nous devons les y aider. C’est tout à la fois notre devoir et notre intérêt.

C’est la raison pour laquelle je crois à l’utilité, à la pertinence, à la nécessité d’une nouvelle Constitution pour l’Europe. Au moment où les socialistes ne savent que faire de l’Europe qui est devant eux, je vous proposerai que notre mouvement soit dans les années qui viennent à l’avant-garde du grand projet de construction d’une Europe politique car la France doit rester l’un des tous premiers acteurs de l’Europe du nouveau siècle.

Une fois affirmée, cette volonté d’ouverture et de solidarité sans faille, je veux dire que se trouve devant nous, et avec une certaine urgence à l’engager, le débat que nous devons avoir et que nous aurons sur les frontières de l’Europe et les limites de son élargissement futur. L’Europe, projet politique et intégrateur majeur de la seconde moitié du XXe siècle, ne peut s’élargir indéfiniment. Notre vision n’est pas celle anglo-saxonne d’une vaste zone de libre échange. C’est la raison pour laquelle je souhaite que la Turquie soit associée à l’Europe et pas intégrée à l’Union Européenne.

Grâce à nos scientifiques, de nouvelles technologies sont à l’œuvre qui bouleversent nos habitudes et abolissent nos frontières.

La planète est devenue ce village où les distances ne sont plus un obstacle et où tous, nous dépendons de chacun. C’est la mondialisation.

Jamais sans doute le monde n’a été si plein d’espoirs mais en même temps de menaces, de chances mais aussi de détresses, de possibilités mais hélas d’injustices.

Le XXIe siècle commence. La France a tous les atouts pour qu’il soit aussi le sien. Il promet d’immenses opportunités. Il ne dépend que de nous de les saisir.

Notre histoire est longue mais moins ancienne que ce que l’avenir nous promet. Personne ne nous attendra si nous ne décidons pas de le prendre en main. Le monde change. La France ne peut ni ne doit rester immobile. Ce qui fait peur aux Français ce n’est pas le changement, c’est l’absence de solutions alternatives crédibles. Ce qui les désarme ce n’est pas la force des nouveautés, c’est l’impression que plus personne n’est en mesure de dominer et encore moins de maîtriser ces évolutions. Ce qui les exaspère c’est ce fatalisme qui s’est abattu sur tant de responsables politiques.

On se plaint ou on se moque parfois de la résistance supposée des Français aux réformes. Cette critique n’est pas fondée et elle ne fait que servir d’alibi à ceux qui la développent. En vérité, les Français en ont assez qu’on leur dise que, par leur faute ou parce que nous serions un vieux pays, il est impossible de changer l’ordre des choses. Ceux qui disent cela le font le plus souvent parce que le statu quo les arrange, parce que le statu quo c’est un confort. Le statu quo ne sera pas le mot d’ordre du mouvement populaire, ce sera son adversaire !

A force de dire qu’il n’y avait rien à faire, nombre de Français ont renoncé à voter. Ce n’est pas la politique qui ne passionne plus. C’est la façon dont nous la concevons qui n’intéresse plus.

Président de l’Union pour un Mouvement Populaire, je veux rester un homme libre. Libre de penser, de proposer, d’imaginer, de débattre. Par-dessus tout je veux rassembler. Je veux que chacun comprenne qu’il a sa place et qu’il trouvera à utiliser ses talents. Nous serons libres et nous serons ensemble. Tous ensemble ! Personne ne doit avoir le sentiment d’être laissé de côté, d’être inutile, d’être isolé.

Il nous faut changer, non par amour du changement, mais parce que les Français attendent autre chose que des discours du passé, des solutions mille fois utilisées ou des mots vides de sens. Ils exigent que nous les aidions à comprendre l’avenir, et par-dessus tout à le bâtir pour eux et pour leurs enfants.

Comment ne pas les comprendre, tous ces Français désorientés par une société où il est si difficile de trouver des repères et de reprendre ses marques ?

D’autant que parmi ces bouleversements certains sont lourds de menaces. C’est d’abord l’emploi à vie dans la même entreprise, dans le même métier, dans le même secteur qui n’existe plus. Pour personne, quel que soit son âge ou sa qualification.

Ce sont des entreprises que l’on imaginait à juste titre florissantes qui délocalisent sans espoir de retour.

Ce sont certains parmi les plus dynamiques de nos compatriotes qui se figurent ne pouvoir réussir qu’en quittant leur pays. Comme si un taux de prélèvement obligatoire, aussi bas soit-il, pouvait remplacer ses racines et faire oublier la nostalgie de son pays. La réussite ne peut tout de même pas être à ce prix !

Dans le même temps, les plus faibles, ceux à qui la vie n’a réservé que des mauvais coups, les plus accidentés, les plus fragiles se voient acheter leur silence par un RMI qui leur permet peut-être de survivre, mais en aucun cas de vivre. L’ascenseur social ne fonctionne plus. La promotion sociale apparaît encore comme un objectif inatteignable.

L’intégration à la française qui a permis d’accueillir des Polonais, des Hongrois, des Italiens, tout au long du XXe siècle semble en panne lorsqu’il s’agit de la dernière vague migratoire en provenance d’Afrique du Nord. Il s’ensuit une double exaspération. Celle de ces Français, derniers arrivés, qui estiment ne pas avoir les mêmes droits, et celle d’une partie de la communauté nationale qui pense à l’inverse qu’ils ne respectent pas tous leurs devoirs.

Plus grave sans doute, des valeurs essentielles semblent s’estomper, comme tomber en désuétude parce que plus personne ou presque ne s’occuperait de les défendre.

- Celle du respect, celui que l’on doit aux plus âgés, comme aux plus jeunes, que l’on doit à l’instituteur comme au professeur, que l’on doit à la femme, à toutes les femmes.

- Celle du travail, dont l’ambition ultime semble être de s’en débarrasser pour en faire le moins possible. Comme s’il suffisait au bonheur des hommes de travailler 35 heures au lieu de 39. Comme s’il ne fallait se préoccuper que de la quantité et si rarement de la qualité du travail.

Ne nous laissons pas impressionner par la pensée unique socialiste. Si nous pensons que les 35 heures ne sont pas la solution aux problèmes de la France, alors n’hésitons pas à en présenter une réforme profonde. C’est cohérent avec ce que nous pensons et nous aurons toujours intérêt à être cohérents.

- Celle de la patrie : la France, République si généreuse avec ses enfants, se trouve si souvent malmenée ou insuffisamment aimée en retour ! L’espérance que le progrès social peut se transmettre d’une génération à l’autre semble s’être évanouie. L’idée qu’il y a plus à perdre qu’à gagner dans le monde de demain se répand. Les parents paraissent résignés à ce que la vie de leurs enfants soit plus dure que celle qu’ils ont connue. L’avenir devenant une menace alors qu’il doit être une espérance.

Eh bien c’est justement cet espoir qu’il faut faire renaître. C’est possible. J’y crois. Je vous demande d’y croire avec moi.

Nous allons expliquer sans relâche qu’il n’y a de fatalité que pour celui qui a choisi de renoncer. Je vous propose que le mot « renoncement » soit à jamais banni de notre vocabulaire. Si nous voulons que la France demeure l’une des grandes nations du XXIème siècle il n’y a qu’une stratégie possible : celle de l’action et celle du volontarisme !

Pour nous, la France ce n’est pas une nostalgie. Celle d’un passé que l’on vénère pour mieux oublier les déceptions d’un avenir moins glorieux. La France n’est jamais si grande que lorsqu’elle montre le chemin. La France ce n’est pas un musée, ce n’est pas un parc d’attraction pour touristes. La France n’est pas à la recherche d’un passé brillant. Elle doit conquérir son avenir. Elle n’est pas condamnée au déclin. Ce n’est pas un regret et moins encore un souvenir.

La France c’est d’abord une puissance qui sait parler d’égal à égal à tous les puissants du monde. C’est une puissance qui met sa force au service des plus faibles parce qu’elle croit depuis le Général de Gaulle que tous les pays du monde, aussi petits soient-ils, ont le droit d’être libres.

La France c’est une nation qui doit avoir l’ambition de donner du travail à chacun de ses enfants. D’autres ont réussi ce pari. La France peut le relever à son tour pour peu qu’elle tourne son regard vers les économies qui réussissent plutôt que vers celles qui sont à la peine.

La France, c’est une société qui ne doit jamais oublier que son objectif premier est de permettre de donner une chance de réussite à tous. Personne ne doit rester au bord du chemin. Mais pas au prix du nivellement des autres. Chacun doit avoir la possibilité d’aller plus haut mais pas parce que les autres sont condamnés à aller plus bas. Le nivellement, l’assistanat, l’égalitarisme ne font pas partie de notre corpus de valeur !

L’égalité républicaine cela ne signifie pas que nous devons tous avoir le même salaire, le même appartement, le même métier, finalement la même vie. Cela signifie que celui qui travaille plus doit gagner plus. Et que celui qui cumule le plus de handicaps sera davantage aidé par l’Etat. Cela s’appelle l’équité républicaine je la préfèrerai toujours à l’égalitarisme. Tout le monde se réclame de la solidarité nationale. Eh bien, reconnaissons qu’il y en a qui y ont plus droit que les autres. Je pense à ces familles admirables qui élèvent un enfant handicapé, ou dont les parents sont eux-mêmes touchés par le handicap. Je pense à cet homme ou cette femme de plus de 50 ans qui vient de perdre son emploi. Je pense à ce territoire devenu un désert économique. Tous ceux là doivent être aidés en priorité. Le courage, c’est de faire des choix et de les assumer !

La France c’est une République qui croit depuis l’origine que l’on ne peut vivre sans règles, sans valeurs et d’une certaine façon sans morale. Justement ces valeurs qui ont été oubliées par habitude, par démission, par faiblesse, nous allons les incarner, leur donner une nouvelle force, démontrer leur actualité.

Oui, nous croyons au mérite qui seul légitime les ambitions. Nous croyons au travail sans lequel on ne construit rien. Nous croyons à l’effort qui donne du sens à la vie. Nous croyons à la justice qui permet de respecter un ordre sans lequel il n’y aurait que la loi de la jungle. Nous croyons à l’ouverture et à la tolérance sans laquelle les sociétés sont mortelles car repliées stérilement sur elles-mêmes.

Au fond, ce qu’il nous faut maintenant c’est redonner à la France et aux Français le goût de réussir et de la réussite. Ce ne sont pas des mots suspects et encore moins coupables.

Réussir doit redevenir un objectif possible, atteignable, envisageable pour chacun. Réussir sa vie, réussir l’éducation de ses enfants, réussir sa famille : quelle plus grande et plus moderne ambition pour un jeune ? Réussir son intégration pour un immigré.

Nous refusons cette vision binaire et si absurde qui voudrait continuer à opposer la réussite économique et le progrès social. L’idéal de justice sociale est complémentaire de l’efficacité économique. Si la France qui travaille se décourageait, qui alors paierait les allocations dont ont besoin ceux qui justement n’ont pas de travail ? La France qui travaille doit être encouragée, récompensée, remerciée, montrée en exemple. On ne répond pas à l’échec des uns en bloquant la réussite des autres.

Notre priorité absolue va à ceux qui ont le plus de mal à s’insérer dans notre société. Mais une politique sociale au service des Français qui travaillent, qu’ils soient salariés ou libéraux, cadres ou employés, du public comme du privé doit aussi devenir une priorité. Nombreux sont les Français qui se demandent pourquoi ils sont toujours assez riches pour payer les augmentations d’impôts ou de cotisations et jamais assez pauvres pour bénéficier des allocations.

Nous allons bâtir un projet politique, non pas seulement pour eux, mais mieux, autour d’eux car la France du travail doit être au cœur de toutes nos politiques.

Nous devons inventer et incarner un modèle de réussite français qui ne s’inspire d’aucun autre modèle mais qui aura vocation à inspirer les autres.

Une réussite accessible à chacun, quel que soit son âge, sa couleur de peau, ses origines sociales, son territoire d’appartenance.

La France est multiple, nous regardons en face cette nouvelle réalité. Nous voulons en faire une chance, celle de rajeunir notre pays, de lui donner une nouvelle force et davantage de vitalité. Nous voulons que chacun comprenne que la société n’a pas à négocier avec quiconque le respect de ses règles. Si nos lois ne plaisent pas, nul n’est obligé de les subir en demeurant en France. Mais en revanche, pour ceux qui l’ont compris, les mêmes droits doivent être accordés dans la réalité et pas seulement dans les discours.

C’est ce qui m’a conduit à abolir la double peine qui était injuste et que les socialistes n’avaient pas osé réformer. Et c’est parce que je ne veux pas d’argent de l’étranger pour financer nos lieux de cultes et que je ne veux plus d’imans qui ne parlent pas un mot de français que j’ai demandé que la République se saisisse de ces questions. Qui peut croire que c’est en fermant les yeux que les choses vont s’améliorer ?

Il faut démystifier l’échec qui est le rendez-vous possible de celui qui ose, qui essaye, qui tente, qui prend des risques. Le seul échec irrémédiable est bien celui qui consiste à renoncer à agir, c’est-à-dire à ne rien faire. Il nous faut réapprendre le goût du risque, faire de l’audace notre compagne naturelle, considérer comme normale, souhaitable et même nécessaire que lorsqu’on travaille plus que les autres, on réussisse mieux que les autres.

Pour construire ce nouveau modèle de réussite républicaine il nous faut faire de l’éducation, du savoir, de l’intelligence, de la recherche, de l’innovation, une priorité stratégique.

L’éducation au sens le plus large, qui va de la première instruction à la formation continue, doit être mise à la portée de chacun quel que soit son âge.

Il convient que notre système éducatif élargisse son échelle des valeurs pour mieux les adapter à ce qu’est devenue la vie professionnelle. Savoir travailler en équipe, faire preuve de charisme, être attentif aux autres, avoir de l’énergie, sont des qualités qui doivent être développées chez nos lycéens et nos étudiants. Aujourd’hui, elles ne sont pas valorisées comme il conviendrait. Or elles sont essentielles dans un grand pays comme le nôtre.

J’ai pleinement conscience que rien d’utile ne pourra être mis en œuvre si nos enseignants ne se sentent pas associés à cet effort. Leur place dans la société doit être clarifiée. D’un côté on leur demande tout : préparer à un métier, suppléer les familles, former des citoyens. Rien que cela. De l’autre, dans la hiérarchie sociale, on ne cesse d’accompagner leur affaiblissement. Il n’y a pas si longtemps on évoquait avec respect le nom de son « maître ». Aujourd’hui le mot même n’est plus utilisé.

A-t-on vraiment gagné à cette évolution qui a voulu faire du professeur un copain si proche qu’il pourrait ressembler à ses élèves ? A lui interdire de sanctionner quand il le fallait, en tout cas avant qu’il ne soit trop tard ? A faire croire que, travail ou pas, chacun avait un droit à passer dans la classe supérieure ? A force de facilités, de petites lâchetés, de grandes compromissions, on a fabriqué une machine qui malgré ses réussites et la somme de dévouement que l’on y trouve laisse 20% d’une classe d’âge chaque année sans formation, sans perspective, sans avenir. Ce n’est plus acceptable.

Il ne s’agit nullement de cultiver la nostalgie d’une école qui n’existe plus et qu’il serait impossible de faire renaître. Il s’agit de faire de notre système de formation l’un des meilleurs au monde pour préparer nos enfants à la société de demain et pas à celle d’avant-hier !

Nous devons ainsi engager un effort sans précédent pour que tous les jeunes Français maîtrisent deux langues étrangères. Et plus tôt ils commenceront, plus facile cela sera. Il nous faut leur apprendre la maîtrise des nouvelles technologies de l’information afin qu’en plus de la fracture sociale ne se crée pas une fracture technologique.

Il convient de les préparer à leur vie future de citoyens où rien n’est plus important que la tolérance à l’endroit de celui que l’on croit différent. Si on veut éradiquer le racisme et l’antisémitisme, il n’y a qu’une seule voie possible, celle du savoir. C’est l’ignorance qui nourrit l’intolérance. C’est cela l’apprentissage citoyen. L’éducation civique doit être considérée comme une priorité au sein de l’école de la République et plus jamais comme une matière secondaire.

Par-dessus tout, je crois à l’urgence de faire davantage pour ceux qui dès la naissance ont accumulé tant de handicaps que sans une action déterminée de l’Etat, ils n’ont aucune chance de s’en sortir. Pour que l’égalité des chances soit une réalité il faut avoir le courage de donner davantage à celui qui a le plus de difficultés. Ici aussi je vois les ravages de l’égalitarisme, du nivellement, de l’absence de courage pour assumer des choix. Le volontarisme républicain, c’est mettre les moyens de la République au service de ceux qui en ont le plus besoin. Et cela commence à l’école.

Il faut enfin assumer le fait que dans un collège, un lycée, une université, il y a des règles à respecter, une discipline à observer, un travail à fournir. L’Etat ne doit laisser personne au bord du chemin. Mais à l’inverse, personne ne peut demander à être aidé par la collectivité sans fournir soi-même le minimum d’efforts personnels sans lequel rien n’est possible.

L’Education Nationale n’est gratuite que parce qu’elle est financée par le produit des impôts de ceux qui travaillent. Ils sont en droit d’exiger en retour qu’on ne fasse pas n’importe quoi dans nos lycées ou que la faculté ne soit pas un lieu pour seulement attendre que la vie se passe.

L’université, la recherche doivent avoir une place prépondérante. Nos laboratoires doivent redevenir les premiers. C’est par le renouvellement des idées, par l’ouverture de nouveaux champs de la connaissance qu’un pays progresse.

Je l’affirme ! A tout âge on peut avoir besoin d’apprendre à nouveau. Sans ce droit à la formation tout au long de la vie, le slogan de la deuxième chance n’est qu’un leurre. Quand une usine ferme, les salariés doivent se voir reconnaître le droit d’acquérir de nouveaux savoirs pour embrasser un nouveau métier.

Il faut mettre un terme à un système qui condamne à l’inaction tant de quinquagénaires qui veulent travailler tandis qu’il assure une place définitive à celui qui a eu la chance de réussir ses examens entre 18 et 22 ans.

Le chantier de l’éducation et de la formation tout au long de la vie devra mobiliser toute notre attention car c’est bien là que se joue d’abord l’avenir de la France.

Nous ne parviendrons à bâtir un nouveau modèle de réussite que si nous sommes assez courageux pour réhabiliter le travail. Réhabiliter le travail c’est d’abord, et c’est urgent, réparer l’ascenseur social afin de casser cette idée si peu républicaine d’une société française corsetée, sclérosée, bloquée, faite de quasi castes.

Nul ne doit être condamné à rester dans son milieu d’origine s’il est modeste, mais à l’inverse nul ne peut prétendre être installé à vie dans un statut que son mérite ne justifie plus !

Notre société doit être plus fluide, plus accessible, plus généreuse. L’aventure de la réussite sociale doit être encouragée, systématisée, rendue accessible.

Je ne parle pas seulement du secteur privé. Je pense tout autant au secteur public. Je ne vous cache pas être préoccupé par cette nouvelle fracture qui pourrait opposer, si on n’y prend garde, les uns et les autres. La performance n’existe pas seulement dans le privé. Elle existe aussi dans le public pour peu que l’on prenne la peine de l’évaluer.

Le mérite doit être pris en compte dans la rémunération de la Fonction Publique. Chacun connaît ces exemples admirables, ici d’un agent communal toujours disponible lorsque l’on a besoin de lui, là d’un directeur d’école au dévouement exemplaire, ou encore d’une infirmière profondément engagée à soulager la souffrance des malades. Il n’est pas normal que l’Etat ne puisse récompenser financièrement ceux qui font plus que les autres ou en tout cas davantage que ce que le seul statut exigerait.

Que l’on me comprenne bien, il ne s’agit pas de retirer quoi que cela soit aux uns qui font juste le nécessaire mais de donner davantage à ceux qui en font plus. Nul ne peut contester qu’il s’agit là de faire une application stricte de l’esprit et de la lettre des valeurs républicaines.

Réhabiliter le travail c’est redonner à chacun le goût de l’initiative en l’encourageant à créer son entreprise, son commerce, son cabinet. Encourager cela signifie assurer celui qui prend des risques qu’en cas de réussite il en aura la juste rémunération.

L’objectif de la politique de la France, ce n’est pas le partage de richesses qui s’amenuisent, ce doit être la création de nouvelles richesses, qui seules permettront le financement de notre politique sociale.

Réhabiliter le travail c’est encourager les entreprises à distribuer des heures supplémentaires à ceux qui le souhaitent. En travaillant plus on augmentera les salaires. Cela sera utile pour l’économie française et heureux pour les salariés concernés. La question du pouvoir d’achat doit être une de nos préoccupations majeures.

Réhabiliter le travail c’est engager un dialogue dédramatisé avec les partenaires sociaux sur ce paradoxe français : jamais notre droit du travail n’a été si protecteur pour les salariés ; or jamais ceux-ci ne se sont sentis dans un tel état de précarité. C’est un système où tout le monde est perdant. Nos entreprises parce qu’elles se trouvent entravées par des règles qu’ignorent leurs concurrents étrangers. Les salariés parce qu’une procédure plus longue de licenciement ne compense pas la perte d’un emploi. La France enfin parce que nous nous retrouvons avec un taux de chômage qui est plus du double de celui de nos grands partenaires. Or des solutions existent. Les entreprises veulent moins d’incertitudes et plus de rapidité de réaction lorsque le carnet de commande se dégarnit. Les salariés souhaitent des indemnités plus généreuses et surtout un nouveau travail dans les meilleurs délais, la chance d’un nouveau départ grâce à une nouvelle formation.

Ces objectifs sont légitimes, et surtout ils ne sont pas contradictoires. Plutôt que chacun prenne des postures, parlons-nous, comprenons-nous et construisons un système où chacun sera gagnant. Et surtout ne craignons pas d’affronter la pensée unique de gauche qui n’est rien d’autre que de la gestion du chômage. Notre stratégie doit être celle de la création d’emplois.

Réhabiliter le travail enfin, c’est reconnaître qu’après 40 années de vie active on a le droit à une retraite digne. Celle-ci n’est que la récompense de tous les efforts accumulés après une vie de labeur. C’est donc admettre que l’on puisse transmettre en franchise d’impôt à ses enfants le fruit de toute une existence consacrée à sa vie professionnelle. On n’a pas à s’excuser d’avoir un patrimoine quand celui-ci a été construit à la sueur de son front !

Pour relever tous ces défis et tant d’autres qui restent à explorer, la France a besoin d’un grand mouvement populaire qui réconcilie durablement les Français avec la politique. C’est notre ambition. Nous allons la réussir.

Vous, adhérents, je veux que vous soyez maîtres de votre destin. Les grandes décisions politiques du mouvement nous les prendrons ensemble. Pour cela je ne connais qu’une seule formule : celle du vote démocratique, ouvert à tous. Ceux qui ont des choses à dire les diront. Une fois le vote acquis celui-ci s’imposera à tous et chacun aura à cœur de respecter la ligne commune.

Il n’y aura pas de conciliabule secret. Il y aura la transparence, la liberté des délibérations, la légitimité des décisions. Notre union sera la grande formation politique populaire, puissante et moderne dont nous avons besoin. Je serai le garant de votre unité et tout autant de votre liberté.

Je veux que chaque adhérent ait un rôle à jouer, que son avis soit sollicité, que par-dessus tout il se sente respecté. C’est dans cet esprit que je m’engage à recevoir chaque mois les nouveaux adhérents qui voudront bien faire le déplacement jusqu’à Paris. Je m’engage à ce que dans le mois qui suit son adhésion chaque adhérent reçoive sa carte. Je m’engage à ce que chacun de nos adhérents comprenne que son adhésion a servi à quelque chose, que son avis est pris en compte, que le choix qu’il a fait en nous rejoignant était le bon !

Je veux que notre formation devienne un grand mouvement populaire c’est-à-dire que s’y retrouvent, s’y reconnaissent, s’y rassemblent des Français de toutes les conditions, de toutes les origines, de tous les territoires.

Je veux que nous retrouvions avec nos compatriotes d’Outre Mer dont nous sommes si proches, un lien qui s’est distendu. J’appelle à nous rejoindre toutes celles et tous ceux qui pensent qu’il n’y a pas de fatalité, qu’il y a toujours des marges de manœuvre pour celui qui refuse de subir, qui croit à la mission si particulière de notre pays. Nous avons besoin de tout le monde et nous sommes prêts à faire une place à chacun.

Je confierai des responsabilités non pas à ceux qui estiment y avoir droit, non pas à ceux qui représentent une tendance, un clan, une amicale… je les confierai à ceux qui ont le plus envie de faire, à ceux qui sont prêts à s’y consacrer pleinement, totalement, à ceux qui ont encore suffisamment d’ardeur pour mener le combat contre la gauche, contre tous les immobilismes, contre toutes les pensées sclérosées.

Je veux que nous retrouvions notre place aux côtés et parmi le peuple. Reconnaissons qu’il nous est arrivé de nous en éloigner. Chaque mois je m’installerai trois jours durant, l’une après l’autre, dans une de vos régions. J’irai dans les usines, dans les campagnes, dans les universités. Je rencontrerai tout ce que vos territoires comptent d’hommes et de femmes prêts à dialoguer : partenaires sociaux, hommes de culture, chefs d’entreprises, responsables associatifs, fonctionnaires, agriculteurs, ouvriers, chercheurs, employés, seront autant d’interlocuteurs indispensables pour élaborer un programme qui concerne tous les Français et rassemble toute la France.

Je réglerai les problèmes de personnes qui nous minent depuis trop longtemps. Je proposerai de choisir nos candidats pour les législatives et les municipales dès la fin de 2005 afin que nous soyons prêts pour les élections… et pas après.

Je veux que nous soyons présents dans tous les domaines de la société française. Je demande aux plus jeunes d’aller porter nos couleurs dans tous les lycées, dans tous les centres de formation, et toutes les universités de France. Je veux que nous soyons la formation politique la plus jeune de France.

Je propose que le tiers des places dans toutes nos instances soit réservé à de nouveaux adhérents. Nous devons nous ouvrir. Nous devons conquérir. Nous devons séduire les Français pour les convaincre d’apporter leur passion et leur volonté d’agir à la vie politique française.

Je veux que vous alliez dès demain à la rencontre des Français. Faites de la politique. Aimez la politique. Faites partager notre passion pour la France. Allez vers les autres sans arrogance mais avec l’esprit de tolérance de ceux qui savent que leurs idées sont justes.

Je veux que vous soyez audacieux et généreux.

Audacieux parce qu’on ne construit rien de grand sans audace. Il en a fallu au Général de Gaulle pour incarner la France Libre, la France rebelle, la France éternelle. Il en a fallu à Georges Pompidou pour porter une ambitieuse politique industrielle qui nous sert encore aujourd’hui. Il en a fallu à Valéry Giscard d’Estaing pour donner le droit de vote aux plus jeunes. Il en a fallu à Jacques Chirac pour porter à l’ONU le message de la France pour construire un monde de paix.

Pour résoudre les problèmes de la France, nous ne devons pas nous replier frileusement sur les vieilles méthodes, nous devons imaginer de nouvelles voies, chercher et porter de nouvelles idées, passionner par de nouveaux débats. La vie politique doit cesser d’être un monument d’ennui, de conformisme, et finalement d’immobilisme. N’ayez pas peur des idées nouvelles. C’est vers l’avenir qu’il faut se tourner, pas vers le passé.

Généreux, parce que je ne me résous pas à laisser à une gauche qui n’a rien fait contre le chômage, la pauvreté et l’exclusion, le monopole du cœur.

Généreux, c’est accepter de faire une place à chacun sur la base de son mérite. Généreux, c’est reconnaître à chacun les mêmes droits. Généreux, c’est s’engager sans compter. La politique n’est pas faite pour ceux qui sont avares de leur temps, de leur enthousiasme, de leur énergie. Généreux, c’est enfin retrouver l’esprit d’équipe, et, l’envie de jouer collectif.

La passion de la France est en nous. Nous allons la faire partager aux Français.

Mes chers amis,

C’est une nouvelle, une belle, une grande histoire qui se construit à partir d’aujourd’hui. Elle doit concerner chacun. Je vous le dis du fond de mon cœur. Peu importe ce que vous avez fait dans le passé. Peu importe qui vous avez préféré, choisi ou soutenu. Peu importe de quelle famille politique vous êtes issu. Peu importe votre ancienneté dans l’engagement politique, car la seule chose qui compte désormais à mes yeux, c’est qu’au-delà de nos différences nous posions les bases d’une unité solide, indestructible, insubmersible. Ensemble rien ne nous résistera. Séparés, un rien nous emportera. Oublions les oppositions du passé.

Travaillons tous ensemble, sans arrières pensées, pour construire. Tous ensemble et unis à l’intérieur de notre mouvement, mais aussi au-delà. Tous ensemble pour faire du quinquennat de Jacques Chirac un succès. On ne construit pas sur des décombres et encore moins sur des ruines. J’en suis tout autant conscient que quiconque. L’échec des uns n’a jamais permis le succès des autres. Et le moment venu, nous soutiendrons à la présidentielle de 2007, celui qui saura le mieux nous rassembler. Et quel qu’il soit, il aura mon soutien loyal et entier.

Tous ensemble pour aider le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin à poursuivre son action réformatrice. Nous soutiendrons le Gouvernement parce qu’il nous écoutera. Il nous écoutera parce que nous le soutiendrons. Bâtissons une démocratie parlementaire vivante, exigeante, passionnante. Ne soyons pas complaisants avec nous-mêmes, ne soyons pas excessifs non plus. Le Gouvernement pourra compter sur notre loyauté. Nous comptons sur son écoute;

Voilà, j’avais hâte que l’histoire commence. Nous y sommes. J’ai envie de dire : Enfin ! J’irai demain présenter ma démission au Président de la République qui l’a souhaité. Et je me consacrerai pleinement à l’Union pour un Mouvement Populaire.

Mes chers amis,

J’ai besoin de vous comme jamais sans doute je n’en ai eu besoin. Je ferai tout pour mériter votre confiance, votre amitié, votre soutien. Je vivrai vos combats, je partagerai vos espoirs, j’assumerai vos impatiences.

Cette énergie que je sens aujourd’hui au Bourget, nous allons la faire partager par la France.

Cette force que j’ai en moi, je vais vous la donner. Cette volonté que j’éprouve, je vais vous la dédier. Cette confiance qui m’appartient, je vais vous la faire partager.

Ensemble, nous allons faire de l’UMP le grand mouvement populaire dont vous avez rêvé.

Mes amis, un nouvel horizon est devant nous, c’est maintenant qu’il faut faire de nos rêves une réalité !