Promotion des élèves de l’école nationale des brigades des douanes


Intervention de M. Nicolas Sarkozy, ministre d’État, ministre de l’Économie, des finances et de l’industrie

Promotion des élèves de l’école nationale des brigades des douanes – La Rochelle – 16 avril 2004

Nous sommes ici, dans cette école de formation aux métiers de la surveillance, au coeur des missions de la douane : près de la moitié des 20 000 agents des douanes font de la surveillance. Cette mission, je viens de le constater encore en visitant votre école, est très concrète et très professionnelle. Depuis dix ans, elle a beaucoup évolué. Elle devra le faire encore, et je voudrais vous faire part de mon sentiment sur l’avenir de ce métier auquel vous vous préparez, le métier de douanier « en uniforme ».

C’est un métier qui a beaucoup changé. Lorsque j’ai quitté le ministère du budget, il y a neuf ans, commençait le redéploiement des missions de la douane, avec l’avènement du grand marché intérieur depuis le 1er janvier 1993.

Je retrouve des services qui ont évolué avec intelligence, en s’adaptant au monde qui les entoure, et qui pose sans cesse de nouveaux problèmes.

S’agissant de la surveillance, les choses ont changé radicalement : à la fois dans les implantations et les méthodes.

Les effectifs ont été dirigés vers les vrais points névralgiques de notre territoire, soit nos ports et aéroports, qui sont maintenant nos vraies frontières.

Depuis l’an passé, a été initié un redéploiement territorial, afin d’adapter la surveillance douanière aux circuits de la fraude. Inutile de vous préciser que j’adhère totalement à cette démarche, qui est celle de l’efficacité. Cette opération très judicieuse sera donc poursuivie : elle consiste à réaffecter des emplois, là où les trafics nécessitent une surveillance accrue. Je pense par exemple à l’ouverture de nouveaux terminaux à Roissy. Il est évident que cette extension doit se faire avec le concours des douanes. Là aussi, où les missions de surveillance se renforcent : je pense au contrôle de l’immigration aux points de passage autorisés à l’entrée dans l’espace Schengen, à la participation des douanes aux GIR, à la création de la douane judiciaire. Ces missions sont indispensables, elles sont remplies avec succès par les douaniers et seront renforcées. Le redéploiement de la surveillance doit s’accompagner d’une profonde rénovation de ses méthodes de travail. A cet égard, l’école de La Rochelle a un rôle crucial à jouer afin d’assurer la diffusion de ces innovations et tirer le meilleur parti possible des nouvelles technologies qui sont désormais à votre disposition. Ces évolutions concernent tout le monde, à tous les niveaux de la hiérarchie. Je compte sur tous pour mener à bien cette modernisation ; outre vous-même, vos directeurs, doivent s’impliquer l’encadrement intermédiaire, les chefs de service de surveillance, dans l’animation quotidienne des unités et la coordination des actions sur le terrain.

Il ne s’agit aucunement de vouloir changer le métier de douanier, ni sa culture, que je connais bien et que j’apprécie. Il s’agit de mettre les douanes en réseau avec tous les services de l’État chargés de la sécurité de nos concitoyens.

Je pense en effet très sincèrement que dans cette vaste entreprise, la douane a une place toute particulière et un rôle bien spécifique à jouer. C’est elle qui est au cœur de cette mission singulière qu’est la police des marchandises. Notre pays est ouvert en permanence à d’immenses flux de biens, ce qui est le propre d’une économie de marché .Mais pour autant tout ne doit pas être permis et la circulation des biens, cela peut être une source de perturbation sociale considérable. Seule la douane est à même d’appréhender ce risque, d’un bout à l’autre de la chaîne.

On pense bien sûr aux produits illicites. La douane a saisi 70 tonnes de stupéfiants l’année passée, cela donne une idée de la menace permanente que représente la drogue sur notre territoire.

Je considère la douane comme tout aussi responsable de la santé de nos concitoyens que tous les services de l’État dont c’est le métier permanent. Nos jeunes sont hélas les premiers consommateurs européens de cannabis : il n’est donc pas indifférent à mes yeux de saisir des stupéfiants, ce n’est pas une routine, c’est un devoir. Et c’est à vous que ce devoir revient .

De même, au moment où le gouvernement engage une action résolue contre le tabagisme, la lutte contre la contrebande de tabac s’impose comme un triple impératif, sanitaire, économique et financier, car il s’agit aussi de protéger notre premier réseau de commerces de proximité que constituent les débitants de tabac et de préserver les recettes fiscales. Avec près de 220 tonnes saisies en 2003, la douane enregistre de bons résultats. Elle doit poursuivre et intensifier cet effort en liaison avec les forces de police et de gendarmerie.

Je pense évidemment aussi à votre rôle dans les crises sanitaires aujourd’hui largement internationales, de la vache folle à la grippe aviaire. La surveillance de la circulation des biens prend tout son sens dans ces situations. Notre rôle est bien de protéger les Français des risques, forcément très nombreux, qui viennent de l’extérieur. Et c’est à vous que revient cette mission, ce qui garantit l’avenir de votre métier, mais vous oblige aussi, et vous obligera, à vous adapter au monde qui vous entoure.

Au cours des dernières années, les missions des douanes se sont considérablement diversifiées : songeons qu’aujourd’hui, ces missions vont du recouvrement des contributions indirectes jusqu’au démantèlement de réseaux criminels. Je veux que toutes ces missions soient mieux connues des Français, car les métiers de service public méritent, tous, une reconnaissance. Cela fait partie intégrante d’un métier consacré à l’intérêt général que d’être reconnu de tous. Tous les efforts que vous faites ici, votre métier sur le terrain, tout cela est mis au service de tous, et mérite plus de transparence.

Je veux aussi que toutes ces missions soient exercées avec un souci de résultat, non pas pour faire « du chiffre » mais pour être à la hauteur des enjeux. C’est vous qui êtes et serez en première ligne face à tous les réseaux de fraude internationale. Cet enjeu, il est et restera considérable. J’ai déjà eu l’occasion de le dire, la lutte contre la contrefaçon, c’est la protection des entreprises et de l’emploi des Français, cela doit devenir une priorité. Je veux que les missions des douanes soient structurées autour d’enjeux aussi importants que l’emploi, la santé des Français. Je veux qu’une culture de pilotage soit introduite dans les services, autour de grands objectifs. Et aussi, que les compétences et le professionnalisme puissent être valorisés.

J’aurai l’occasion, dès la semaine prochaine, d’entamer cette démarche, en organisant une rencontre entre les responsables de la douane et les entreprises victimes de la contrefaçon.

Vous mêmes, vos supérieurs hiérarchiques, vous devez connaître ceux pour qui vous travaillez, et exercer votre métier en coopération avec eux, puisque vous l’exercez pour eux. Les enjeux que vous aurez à affronter, tous, ici, à tous niveaux, sont essentiels pour la vie économique et sociale de notre pays. Je veux que vous connaissiez ces enjeux, pour mieux les aborder. Au-delà de votre formation, déjà très professionnelle, je vous demanderai, à vous et à vos chefs, de travailler pour des objectifs identifiés, au service des Français. Je connais assez les capacités de la douane pour savoir qu’elle sera au rendez vous.

Je vous remercie.